jeudi 17 mars 2022

Retour de... l'URSS...

Le Monde, du vendredi 11 mars 2022, le Monde des livres, donc. Article de Camille Laurens, « Exercice de lucidité ». On parla la semaine dernière, sur un autre sujet, de discernement…
Là, il est question de la réédition, aux éditions Arthaud, du Retour de l’URSS, suivi de Retouches à mon « Retour de l’URSS » d’André Gide bien sûr. (Avec une préface de Jean-Claude Perrier.)

Bien sûr.
Camille Laurens note que la parole de Gide « “sans feinte et sans ménagement” nous donne encore à penser car il est frappant de constater à quel point elle colle à notre actualité la plus violente. »
C'est en juin 1936 que Gide, avec cinq de ses amis (dont Pierre Herbart, Louis Guilloux… Mais c’est une autre histoire…) vient se désenchanter en URSS de son admiration pour l’URSS, à l’occasion des obsèques de Maxime Gorki.
Le Retour de l’URSS : une étude de cas (pour parler comme nos bons pédagogues) de la manière de rejeter dans les cordes la propagande, la « manipulation idéologique », le « conformisme » les plus crasses.

On me demandera ce que cela vient faire là, car Gide n’est quand même pas allé à Gammalsvenskby (il est certes passé en Ukraine…) Mais, prix Nobel en 1947, cela ne donne-t-il pas à Gide une dimension suédoise ? Même s’il ne fit pas le voyage à Stockholm, après avoir hésité semble-t-il.

Médaille du Nobel - e-gide, 22/4/2016 ; vente à Christie's – Paris

Traduit en Suède, il était en lien avec certains intellectuels du neutre pays, notamment un « Suédois d’ailleurs », en l’occurrence un Finlandais, appartenant à la minorité suédoise de ce pays (Ekenäs) : Göran Schildt. Leur correspondance atteste d’une relation pas si… intéressante pour le Finlandais (qui était aussi un voyageur).

Le Daphné (bateau de G. Schildt) ; Wikipedia

Mais Gide fut aussi en relation avec Lucien Maury, qui présenta Barabbas de Per Lagerkvist (Stock, traduction de Marguerite Gay et Gerd de Mautort), pour l’édition de 1950 (belle année pour les éditions, mais cela, aussi, est une autre histoire…), avec une lettre du « contemporain capital ».

À Lucien Maury, Gide, en octobre 1950, finit une lettre de la sorte : « La langue suédoise nous a donné, nous donne encore des œuvres si remarquables que bientôt il va devenir indispensable, à l'homme qui se veut cultivé, de la savoir pour pouvoir bien apprécier le rôle important que la Suède s'apprête à jouer dans le concert européen ». (Source : site e-gide, article sur Barabbas du 12/9/2012.)

« Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’Académie royale de Suède, à l’issue d’un débat passionné, concluait : “On a souvent reproché à Gide de dépraver et de désorienter la jeunesse…C’est l’ancienne accusation que l’on porte contre tous les émancipateurs de l’esprit”. Le Prix Nobel consacrait ainsi “l'accent unique d'une voix qui s'élevait au-dessus des tragédies pour affirmer obstinément le devoir de bonheur ... Par un paradoxe dont il goûtait l'ironie, l'écrivain de toutes les ruptures et de toutes les inquiétudes a été salué dans les dernières années de sa vie comme le plus classique de nos écrivains modernes” » (Pierre Lepape, Livret des célébrations nationales, 2001 ; source : e-gide, 22/4/2016 ; vente à Christie's – Paris.)

Pour en revenir à Göran Schild, lui, il a traduit Si le grain ne meurt, en 1946, puis 1947…, chez Les éditions Holger Schild (Helsingfors (Helsinki)).

La transition est un peu… appuyée… On parle de l’Ukraine comme du grenier à blé de l’Europe.


Nils Blanchard


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