dimanche 20 mars 2022

Six ans après Gide

                  Pour un tout petit garçon,
                  et en mémoire de sa grand-mère.

Hier, j’ai fait la connaissance du fils de très bons amis ; magnifique petit bout d’homme de trois mois. J’ajoute qu’il est né dans une famille franco-germanique.
Cela me ramène à diverses réflexions, sur la guerre. On est censé entrer dans le printemps.

NB

Il y a près d’un mois maintenant, le 25 février, entendu dans un reportage radio (Radio-France) un combattant (futur) ukrainien, au bord des larmes, mais qui avait décidé de faire son devoir. Une mère d’un jeune homme caché (ukrainienne), pleurant aussi, devant la réalité de la guerre.

Guerre d'hiver, 1939-1940. Image: TT.  

Du point de vue d’un pays neutre comme la Suède, cette notion de guerre paraît peut-être particulièrement délicate à appréhender. La neutralité est une posture difficile à tenir dans certaines circonstances. Et on a vu bien des jugements à l’emporte-pièce sur l’attitude de la Suède, notamment, pendant la Seconde Guerre mondiale. Sans tomber dans l’uchronie, il est difficile de faire justice à l’histoire. Et c’est un sujet historique qui, à ma connaissance, demeure encore passablement en friche.
Et aujourd’hui même, la neutralité fait l’objet de débats en Suède et en Finlande, où d’après des sondages, les populations seraient favorables à rejoindre l’OTAN, mais les gouvernements, eux, sont plus circonspects (et pas uniquement par frilosité) ; cf. les interventions récentes de la chef du gouvernement suédoise Magdalena Andersson, du président finlandais Sauli Niinistö.

Je n’ouvrirai pas ici la vieille question de la préparation à la guerre pour mieux préserver la paix (un économiste, Tony Fang, dans le Göteborgs Posten aujourd’hui, d’expliquer : « Beväpnad neutralitet är den bästa vägen för Sverige » – « Une neutralité armée est la meilleure voie pour la Suède »). On sait que Winston Churchill, six ans après Gide, reçut le prix Nobel de littérature, de l’académie sise à Stockholm, donc.

NB
Churchill que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a paraphrasé le 8 mars, s’adressant aux parlementaires britanniques : « nous nous battrons dans les forêts, dans les champs, sur les rivages, dans les rues ».

Mais je voulais surtout évoquer ici le blog d’une écrivaine, traductrice suédoise, jeune mère : Hillevi Norburg. (Blog Stasimon, de Hillevi Norburg.)


Elle y écrivait, le 28 février : « Kriget kommer, men livet stannar inte upp för det. Kvinnor är gravida, barn föds – ibland uppstår komplikationer under förlossningen. Det är outhärdligt att tänka på. Min dotter föddes för tre och en halv månad sedan (…) Bilder på mammor som sover med sina små barn på tunnelbaneperronger: barnet avslappnat och oskyldigt i sömnen, mamman vaken och orolig, en beskyddande arm över den lilla kroppen som svepts in i filtar mot kylan… mitt hjärta brister. Men jag tänker också på de unga ryska värnpliktiga – de är bara pojkar. »

Mise en en abyme... je vais traduire une traductrice... de Proust, Rachilde... Une belle époque...

« La guerre s’approche, mais la vie ne s’arrête pas pour autant. Des femmes sont enceintes, des enfants naissent – avec parfois des complications lors de l’accouchement. C’est insoutenable d’y penser. Ma fille est née il y a trois mois et demi (…) Les images de mamans qui dorment avec leurs petits enfants aux entrées des stations de métro : l’enfant dormant sans méfiance, innocent ; sa mère éveillée et inquiète, un bras protecteur sur le petit corps enroulé de couvertures contre le froid… mon cœur se brise. Mais je pense aussi aux jeunes combattants russes : ce ne sont que des gamins. »

NB

Nils Blanchard   


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