Hasard des services postaux, des commandes, des réceptions d’articles… reçu il y a peu deux publications : le dernier numéro de Kustbon, dans lequel un dossier de quatre pages est consacré à l’hebdomadaire Sovjet Estland, en lien à l’article de Nordiques. Reçu aussi le livre que j’évoquais sur Jeanne Letourneau, Clichés barbares.
NB - Hapsal (Estonie), vue de l’Aibolands Museum |
Ce numéro de Kustbon est passionnant. Plusieurs sujets : l’exposition à Tallinn sur les Esto-Suédois (annoncée déjà ici). Aussi, des textes sur la petite île d’Odensholm (notamment au moment de la Seconde Guerre mondiale), île qui a été un de mes premiers centres d’attention au début de mes recherches sur Elmar Krusman, ceci pour des raisons aussi passionnantes qu’improbables ; j’y reviendrai peut-être.
Il est question aussi d’un étrange jugement, avec des Esto-Suédois impliqués, concernant un vol (présumé) sur une épave en 1756 ; mais plusieurs des prévenus meurent en prison.
(Quand on visite la prison de Marstrand, on voit un autre décor que celle de la station balnéaire riante de l’été ; on n’est pas très étonné que des prisonniers pussent décéder au dix-huitième siècle avant leur jugement, dans les prisons du Nord…)
D'autres articles encore, nouvelles diverses (dont la chronique des anniversaires et décès, où je retrouve étrangement des noms de moi connus, rencontrés au cours de mes travaux…), en Estonie et en Suède.
NB - Estonie, région d’où était originaire Elmar Krusman |
Bien, puis sur quatre pages (34-38) : recension de l’article de Nordiques avec divers commentaires et des textes issus de Sovjet-Estland. Le tout, réalisé par Mattias Reinholdsson. (Et j’y apprends que mon livre a rejoint la bibliothèque de la SOV à Stockholm où il y a plus de 600 autres volumes sur le thème des Esto-Suédois et de l’« Aiboland » – les régions par eux fréquentées autrefois en Estonie.)
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Fra Angelico, L’Annonciation - Wikipedia |
J'ai reçu aussi ce livre, que j’évoquais il y a quelques jours, consacré à cette professeure d’arts plastiques rescapée du camp de Ravensbrück.
Comme il avait été dit au colloque de fin septembre, la finalité première des dessins des camps – essentielle, voire unique pour leurs auteurs – était le témoignage.
En l’occurrence, ceux de Jeanne Letourneau accompagne des pages de récit écrites peu après la guerre.
Le récit est passionnant et méritera une plus ample étude. En une quinzaine de (grandes) pages, on entre dans l’expérience de déportée de Jeanne Letourneau par petites touches, « petites » expériences qui sont autant de cas d’école, cas d’études sur le système concentrationnaire. L’auteure écrit avec sobriété ce qu’elle a vu, expérimenté, sans essayer d’en dire plus qu’elle ne sait, sans cacher non plus ce qui est difficile à dire.
Les gardiennes (Aufseherin), plus ou moins inhumaines, les relations avec les autres déportées de divers âges et nationalités, relations particulières dans ce camp de femmes parce qu’apparaissent çà et là aussi des enfants (garçons parfois), les transferts, les appels…
À cet ensemble, la professeure de dessin qu’était Jeanne Letourneau ajoute des réflexions, très courtes, passagères – c’est comme malgré elle – artistiques. Ainsi rencontre-t-on au détour du récit, aussi inattendus soient-ils, Fra Angelico ou Dürer. On parle aussi çà et là du Moyen Age, ce qui rejoint la conclusion de mon livre (ou plutôt, ce en quoi mon livre rejoint Clichés barbares…), mais, oui, on en reparlera.
Le terme « barbares », du titre, est étrange. Il peut désigner ce qui est fondamentalement étranger à l’expérience de vie antérieure de la déportée. Page 67 : « Que devenait parmi ces rebuts d’humanité aux mœurs les plus dépravées une pauvre prisonnière politique appartenant à un milieu honnête et sain ? » Il peut désigner ce qui est cruel et inhumain, au sens moderne du terme (page 73) : « On pense aux temps barbares aux “Brunehaut” et aux “Frédégonde”, à ces récits lus dans notre enfance en frémissant d’horreur. »
Le tout est très bien présenté par des auteurs locaux ; on y lira notamment avec intérêt divers développements sur la résistance en Anjou.
Nils Blanchard
Étiquette rajoutée du dernier billet : ONU.
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