Peut-être vais-je finir par devenir un homme de revues ; un « moitié fou » dit (je cite de mémoire, ça ne doit pas être exactement ça) Morand (ou Chardonne?) à propos de Léautaud et de son travail au Mercure de France.
Il y a mes travaux sur 84 (je ne vais pas vous enserrer de liens ; allez voir, l’index, version ordinateur…), textes dans La Route inconnue…
NB - Tallinn, 2018 |
Et voilà qu’un travail sur un étrange hebdomadaire, Sovjet-Estland, suite à un colloque auquel j’ai participé à l’INALCO en 2021 (déjà…) vient de paraître dans la revue numérique Nordiques (elle aussi en lien de ce blog…)
En voici le résumé : Sovjet-Estland, une revue soviétique pour les Suédois d’Estonie.
« Sovjet-Estland, édité à Tallinn d’octobre 1940 à août 1941, est un hebdomadaire en langue suédoise, à destination des Suédois d’Estonie (environ 8000 habitants) qui paraît pendant la première annexion de l’Estonie par l’URSS, jusqu’à l’arrivée des troupes allemandes du plan Barbarossa. Organe du parti communiste local (Läänemaa), il est particulier d’abord parce qu’il s’adresse à une petite minorité, et parce que cette minorité est a priori peu à même d’épouser son communisme militant. L’hebdomadaire doit donc s’adapter aux caractéristiques des Esto-Suédois, en reprenant en partie la tradition de leur revue précédente qu’était Kustbon, tout en menant une opération de communication politique, au long de ses 43 numéros. Sovjet-Estland pointe ainsi les efforts du gouvernement soviétique à destination des Esto-Suédois et tâche de les convaincre de renoncer à l’idée d’émigrer vers la Suède. En même temps, Sovjet-Estland peut apparaître comme une tribune pour développer l’image d’un contre-modèle à destination de l’Occident. »
NB - Tallinn, 2018, vers l'ancienne prison Patarei |
Il se trouve que peu avant a paru le numéro 73 de La revue des revues (en lien de ce blog, cela aussi, en lien…) Celui-ci, je me le suis procuré (maintenant, je suis abonné…) à cause d’un de ses titres (je parlais récemment de mes dispersions… de Jules Roy aussi…) : « Henri Bosco, Aguedal ».
Pour être plus précis, c’est un article de Guy Dugas, « Henri Bosco au Maroc (1931-1955) et l’aventure d’Aguedal ». Seize pages (avec illustrations) sur un sujet (qui m’intéresse…) sur lequel on trouve peu de choses sur le net et ailleurs…
Résumé ? Résumé…
« C'est chose peu connue : l’écrivain provençal Henri Bosco (1888-1976) a passé près de 25 années au Maroc, entre 1931 et 1955. Outre la publication de plusieurs ouvrages importants, notamment Le Mas Théotime (éd. Charlot, 1945) prix Renaudot, il y dirigea durant cette période très compliquée la revue Aguedal (une vingtaine de numéros avec une suspension au début de la guerre, et quelques tirés-à-part).
Par sa longévité comme par la richesse de ses sommaires, son ancrage en milieu arabe et berbère sans équivalent parmi les revues nord-africaines de la période coloniale, Aguedal représente un élément majeur de l’histoire littéraire au Maghreb. Elle a été le creuset d’une réflexion, contrariée par la guerre, sur une « métaphysique orientale » inspirée de la Doctrine guénonienne qui irriguera une partie de la littérature marocaine contemporaine, de langue arabe ou française, grâce à des intellectuels tels que Mohamed-Aziz Lahbabi ou Ahmed Sefrioui. » (Guy Dugas.)
Jules Roy et Henri Bosco ont entretenu une correspondance pendant la guerre. Jules Roy reçut les lettres d’abord en Afrique du Nord, puis en Angleterre, où il servait sur un équipage de bombardier – il en a parlé (notamment encore) dans La Vallée heureuse. Ou, voyez-vous ça, dans un livre évoqué récemment par Argoul, Le navigateur.– Puis à Paris…
Les lettres de Henri Bosco (1942 à 1969, mais en fait surtout jusqu’à 1946) ont été gardées par Jules Roy et publiées par l’Amitié Henri Bosco, dans le vingt-cinquième de leurs Cahiers Henri Bosco (1985).
Comme Jules Roy le note dans un texte introductif, l’amitié des deux hommes fut de quelques années, et semble-t-il surtout épistolaire. Il semble que ce soit Jules Roy qui écrivit d’abord à son aîné ; il se souvient : « Son âme sensible avait compris à quel point j’étais coincé entre mes devoirs et mes affections et combien j’avais peu d’espoir de m’en sortir. Durant cette longue période de nuit semée de feux et de terreur, il veilla sur moi. » (Cahiers Henri Bosco, 25, 1985, pages 89-90.)
On peut penser peut-être, même s’il semble que les drones ont remplacé en grande partie les bombardiers, à certains combattants d’Ukraine.
Nils Blanchard
Triche. Ajout d'étiquette du dernier billet : Garçon au poisson.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire