lundi 6 novembre 2023

1921, 23 – Du débat, de la prise au monde

Elmar Krusman – sur le destin duquel j’ai consacré un livre, diverses recherches ensuite, autour de lui…. – était né en 1921. Ma marraine (angevine), toujours de ce monde, somme toute… pour autant que je ne dise pas de bêtise : en 1922.

Owe Zerge, Victoria Mortis, 1921

1921, c’est aussi l’année où le tableau ci-dessus a été peint (et où Owe Zerge a débuté au salon de Paris).
Drôle de peintre, suédois (1894-1983, de Kristianstad), il était spécialiste des jeunes garçons/hommes, avec quelques bouquets comme des memento mori et quelques paysages. Une série de ces garçons peints en habits d’enfants de chœur.
Ultra-réalisme, avec ces expressions comme semblant dire : « Oui, je sais que le temps passe. »
Par ailleurs, Owe Zerge est passé par l’atelier d’André Lhote (qu’André Dhôtel a connu)…

Ma marraine, je disais : « toujours de ce monde, somme toute » ; c’est que la dernière fois que je l’ai vue, elle ne m’a pas reconnu. Mais elle semblait avoir étrangement rajeuni physiquement, retombée comme avant l’enfance.

Retirée du monde, dans un sens. À quoi fait étrangement écho celui de Philippe Sollers, dans Agent secret : « Il nous faut nous désactualiser d’urgence. » Philippe Sollers qui est mort en 2023.

Voilà pour 21, pour 23…

Je le lisais quelquefois, autrefois, dans Le Journal du dimanche. Journal devenu bien difficile à lire aujourd’hui.
Acheté récemment le numéro 1 de La Tribune dimanche.

La Tribune Dimanche, 8 octobre 2023

Là, une chronique d’Edgar Morin – lui, aussi : 1921 ! –, page 23 – 23 ; bordel ! – : « Restaurons les conditions d’un débat intelligent ».
Je pensais justement à la chose quelques jours plus tôt, je ne sais plus dans quel cadre – discussion ? –. Il faudrait arriver à retrouver de l’intelligence, des idées dans les discussions, notamment publiques ; cela allant avec un certain travail, aussi. Pas seulement « parler la bouche ouverte » (expression angevine, je crois) dans des « débats ». On lit :

« Hélas, nous constatons un dépérissement du dialogue politique, qui va de pair avec un affaiblissement de la démocratie, dont l’existence même est menacée.
(...) [Le débat] doit favoriser l’échange d’arguments, se fonder sur des faits incontestables, cultiver la nuance – indissociable de la complexité.
Débattre, c’est souvent critiquer. Mais la critique ne doit jamais discréditer le contradicteur ni sombrer dans l’invective ou l’imprécation. »

Et tenez, il y a ce « débat » sur l’euthanasie… qui entraîne cette publicité dans Le Monde :


Illustration, Le septième sceau bien sûr, d'Ingmar Bergman,
avec là Bengt Ekerot et Max von Sydow. 

 
On en revient au thème du joueur d’échec, dans l’art suédois…

« Vem är du ?

– Jag är Döden.

– Kommer du och hämta mig ? »


« Qui es-tu ?

– Je suis la Mort.

– Tu viens pour m’emmener ? »


Et la mort réplique : « Är du beredd ? » (« Es-tu prêt ? »)

Question fallacieuse me semble-t-il. D’ailleurs, elle triche aux échecs, contre le personnage joué par Max von Sydow (Suédois d’ailleurs, en quelque sorte, qui avait pris la nationalité française à la fin de sa vie).

Owe Zerge - Capture d'écran

Et quant aux « débats », entre autres sur le sujet de l’euthanasie (débats qui « secouent » – comme on dit étrangement – aussi la Suède), j'arrive (étrangement?) à un éditorial de Jeanne Emmanuelle Hutin (Ouest-France, 1er novembre 2019) ; il commence ainsi :

« Dans notre monde si bruyant, le silence est considéré comme un hôte indésirable. On le fuit, on l’étouffe de mille manières. (…)
Le silence effraye car on semble voir en lui l’ombre de la mort portée sur nos vie. Mort que l’on relègue aussi aux périphéries de nos existences. Mais un jour, elle frappe. Faute de pouvoir l’éviter, certains pensent que la liberté résiderait dans le fait d’en choisir le moment. (…) » 


Nils Blanchard


P.-S.; Sur le site, en lien de ce blog, de l'Institut Suédois : une rencontre est prévue rue Payenne (Paris), sur le rapport sacré au monde sauvage, le 28 novembre. Et ça tourne autour... de Kerstin Ekman, dont il a été question, dont il sera encore question en ce blog...

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