Préparant un cours pour l’Université de Strasbourg, je tombe sur un ancien compte-rendu des Annales, de Marc Bloch, à propos d’un ouvrage de l’historien norvégien Halvdan Koht, historien qui sera ensuite ministre des affaires étrangères de son pays, à l’instar d’un Arnold Raestad, que Martin Fahlén évoque dans Le tableau de Savery…
Tony Noël, Jeune guerrier (capture d’écran) |
C'est un article du n° 10 de la troisième année des Annales, de 1931. Marc Bloch évoquait une traduction d’un livre de H. Koht sur « les luttes des paysans en Norvège du XVIe au XIXe siècle » (Payot, 1929).
Le nom du traducteur n’est pas mentionné, mais il faut dire que Marc Bloch n’est pas tendre avec lui ; cette traduction, écrit-il, « n’a guère de français que le nom : car ce n’est point, je pense, user de notre langue que – par exemple – de paraître ignorer que "bien que" gouverne le subjonctif (je rougis de cette remarque grammaticale, mais après tout il y a une grammaire, fût-ce de l'usage) (...) Ce n'est pas tout. À supposer même, ce qui n'est point le cas ici, que le traducteur eût satisfait au premier de ses devoirs: écrire avec la correction qu'on attend d'un élève de lycée (...) », etc.
Un élève de lycée, aujourd'hui, a-t-il beaucoup entendu parler du subjonctif?
Étiquette « vieux con », je sais, je vais en mettre, si j'ai la place...
Mais là n'était pas le sujet. (J'espère en tout cas pouvoir échapper à ce genre de remarque en ce qui concerne ma traduction du livre de Martin Fahlén...)
Il se trouve qu'on retrouve Marc Bloch, de manière assez logique, dans un article assez récent d’Argoul, à propos bien sûr de L’Étrange défaite.
C'était le 8 mars dernier, et commençait ainsi :
Il y a 10 ans, en 2014, année où Poutine a envahi, occupé et annexé la Crimée sans que personne ne réagisse autrement que comme à Munich en 1938 – par des paroles vaines – j'analysais sur ce blog le Bloch de L'Étrange défaite. Nous y revenons aujourd'hui parce que l'actualité remet le livre au goût du jour et parce que le jeune Emmanuel Macron fustige la lâcheté des dirigeants européens (...) »
Argoul paraphrase Marc Bloch : « Ce qui s’est effondré, dit-il, c’est le moral. Le commandement a failli, mais surtout les élites avachies dans l’inculture et la bureaucratie, les petit-bourgeois des petites villes assoupies dans l’hédonisme de l’apéro et de la sieste, le pacifisme “internationaliste” qui refuse tout ennemi – alors que c’est l’ennemi qui se désigne à vous et pas vous qui le qualifiez. »
Et de citer, cette fois : « L’ordre statique du bureau est, à bien des égards, l’antithèse de l’ordre, actif et perpétuellement inventif, qu'exige le mouvement. L’un est affaire de routine et de dressage ; l’autre d’imagination concrète, de souplesse dans l’intelligence et, peut-être surtout, de caractère. » (Pp. 90-91 de l’édition Folio.)
Macron, « jeune », pourquoi pas.
J'ai croisé de temps à autre quelqu’un, secrétaire d’un club de sport, qui dépasse me semble-t-il les 80 ans largement, et qui semble beaucoup plus jeune que bien des… jeunes. Je pense à lui parce qu’il a joué un rôle en lien au souvenir de Marc Bloch.
Mais quant à l’Université de Strasbourg, elle s’appela quelques années Université Marc Bloch (du moins pour les sciences humaines). « Marc Bloch » a disparu – de la titulature de l’université, pas de certaines réflexions actuelles.
Tony Noël, Méditation (Paris), capture d'écran |
Nils Blanchard
Triche : je rajoute l'étiquette Les Soulèvements de la Terre, du billet précédent.
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