jeudi 11 avril 2024

Plusieurs choses… Marc Bloch

Préparant un cours pour l’Université de Strasbourg, je tombe sur un ancien compte-rendu des Annales, de Marc Bloch, à propos d’un ouvrage de l’historien norvégien Halvdan Koht, historien qui sera ensuite ministre des affaires étrangères de son pays, à l’instar d’un Arnold Raestad, que Martin Fahlén évoque dans Le tableau de Savery

Tony Noël, Jeune guerrier (capture d’écran)


C'est un article du n° 10 de la troisième année des Annales, de 1931. Marc Bloch évoquait une traduction d’un livre de H. Koht sur « les luttes des paysans en Norvège du XVIe au XIXe siècle » (Payot, 1929).
Le nom du traducteur n’est pas mentionné, mais il faut dire que Marc Bloch n’est pas tendre avec lui ; cette traduction, écrit-il, « n’a guère de français que le nom : car ce n’est point, je pense, user de notre langue que – par exemple – de paraître ignorer que "bien que" gouverne le subjonctif (je rougis de cette remarque grammaticale, mais après tout il y a une grammaire, fût-ce de l'usage) (...) Ce n'est pas tout. À supposer même, ce qui n'est point le cas ici, que le traducteur eût satisfait au premier de ses devoirs: écrire avec la correction qu'on attend d'un élève de lycée (...) », etc.     

Un élève de lycée, aujourd'hui, a-t-il beaucoup entendu parler du subjonctif?
Étiquette « vieux con », je sais, je vais en mettre, si j'ai la place...

Mais là n'était pas le sujet. (J'espère en tout cas pouvoir échapper à ce genre de remarque en ce qui concerne ma traduction du livre de Martin Fahlén...) 

R. Savery, Le paradis terrestre, Musée des Beaux-Arts de Strasbourg (capture d'écran) 

 
Il se trouve qu'on retrouve Marc Bloch, de manière assez logique, dans un article assez récent d’Argoul, à propos bien sûr de L’Étrange défaite.
C'était le 8 mars dernier, et commençait ainsi :

Il y a 10 ans, en 2014, année où Poutine a envahi, occupé et annexé la Crimée sans que personne ne réagisse autrement que comme à Munich en 1938  par des paroles vaines  j'analysais sur ce blog le Bloch de L'Étrange défaite. Nous y revenons aujourd'hui parce que l'actualité remet le livre au goût du jour et parce que le jeune Emmanuel Macron fustige la lâcheté des dirigeants européens (...) »  

Argoul paraphrase Marc Bloch : « Ce qui s’est effondré, dit-il, c’est le moral. Le commandement a failli, mais surtout les élites avachies dans l’inculture et la bureaucratie, les petit-bourgeois des petites villes assoupies dans l’hédonisme de l’apéro et de la sieste, le pacifisme internationaliste qui refuse tout ennemi – alors que c’est l’ennemi qui se désigne à vous et pas vous qui le qualifiez. »
 
Et de citer, cette fois : « L’ordre statique du bureau est, à bien des égards, l’antithèse de l’ordre, actif et perpétuellement inventif, qu'exige le mouvement. L’un est affaire de routine et de dressage ; l’autre d’imagination concrète, de souplesse dans l’intelligence et, peut-être surtout, de caractère. » (Pp. 90-91 de l’édition Folio.)



Macron, « jeune », pourquoi pas.

J'ai croisé de temps à autre quelqu’un, secrétaire d’un club de sport, qui dépasse me semble-t-il les 80 ans largement, et qui semble beaucoup plus jeune que bien des… jeunes. Je pense à lui parce qu’il a joué un rôle en lien au souvenir de Marc Bloch.

Mais quant à l’Université de Strasbourg, elle s’appela quelques années Université Marc Bloch (du moins pour les sciences humaines). « Marc Bloch » a disparu – de la titulature de l’université, pas de certaines réflexions actuelles.

Tony Noël, Méditation (Paris), capture d'écran



Nils Blanchard


Triche : je rajoute l'étiquette Les Soulèvements de la Terre, du billet précédent.  

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