Il était question à cet endroit, à cet autre de communication, du grand écran de fumée du blabla. Et d’écrans, tout court, ceux des applications de téléphone portables, « réseaux » « sociaux »…
NB - Angers, décembre 2023 |
À Angers récemment (hiver 2023 – 2024), un – une ? – tagueur a sévi. On repérait ses inscriptions d’abord parce qu’elles « ornaient » des murs propres, plutôt récemment refaits, d’une écriture noire assez caractéristique et pas si moche. Qui plus est, ces inscriptions délivraient des messages.
NB - Angers, décembre 2023 |
Mais, ce ton de réseau social. Pardon, je ne peux m’y faire. Cette façon de haranguer le chaland : « Soutien aux... »
NB - Angers, janvier 2024 |
Et… Mais si… L’écriture inclusive. Dans ce premier tag bien dégueulasse polluant une façade : « pour toustxes » Eh, mais le tagueur (la tagueuse?) ne doit pas être si mauvais qu’il parvient à faire (pour autant que j’aie compris le mécanisme de l’« inclusion » scripturale), une faute. Une faute d’inclusaphe ?
Je cite ici un texte très clair et intelligent d’Hélène Carrère d’Encausse, disparue l’été dernier, et Marc Lambron. (On retrouve là le texte complet : Lettre ouverte sur l'écriture inclusive.)
« Une langue procède d’une combinaison séculaire de l’histoire et de la pratique, ce que Lévi-Strauss et Dumézil définissaient comme « un équilibre subtil né de l’usage ». En prônant une réforme immédiate et totalisante de la graphie, les promoteurs de l’écriture inclusive violentent les rythmes d’évolution du langage selon une injonction brutale, arbitraire et non concertée, qui méconnaît l’écologie du verbe.
(...)
L'écriture inclusive trouble les pratiques d’apprentissage et de transmission de la langue française, déjà complexes, en ouvrant un champ d’incertitude qui crispe le débat sur des incantations graphiques. En focalisant l’attention sur l’obsession du genre, elle restreint le rapport à la langue en inhibant une expression plus ample de la pensée. Bien loin de susciter l’adhésion d’une majorité de contemporains, elle apparaît comme le domaine réservé d’une élite, inconsciente des difficultés rencontrées au quotidien par les pédagogues et les usagers du système scolaire. »
« Violenter », « restreindre », ces verbes ne me semblent pas mal choisis.
Bon, mais les tags ci-dessus étaient tout près de la rue Létanduère, plutôt vers la gare, à Angers, ce qui me mène à Julien Gracq, un de ces écrivains (voir Louis Guilloux) qui ne semblaient pas particulièrement porter Angers dans leur cœur. C’est dans La forme d’une ville (José Corti, 1985), au deuxième chapitre qui d’emblée, annonce :
« Je ne peux dire pourquoi Nantes est restée ma ville sans éclaircir d’abord les raisons qui font qu’Angers ne l’a jamais été. »
Il éclaircit ainsi sur un peu plus de dix pages, où l’on apprend que c’est à Angers qu’il lit Les Falaises de marbre – peut-être reparlera-t-on de ça –, et là-dedans :
« Je réserve pour un jour de flânerie l’exploration de la rue de Létenduère, dont la pente douce qui descend du quartier de la gare vers les lotissements de la Loire m’intrigue, et invite le pas du promeneur (...) »
Bon. Mais très vite – peut-être n’en était-il pas ainsi du temps de Julien Gracq –, la rue de Létenduère, qui descend plein sud en effet, se mue en avenue Maurice Tardat, puis en route du Hutreau, puis en route d’Angers – on est là à Saint-Gemmes –. Là, on approche d’un bras de Loire, mais il faut encore poursuivre la voie qui devient l’avenue du Commerce, puis la rue de l’église. Celle-ci se finit dans une rue de Bel-Air. Il faut tourner là à gauche, puis, c’est le plus simple sans doute, à droite rue des Aralias. À moins de passer par des chemins entre église et maisons. Et on arrive au chemin de halage.
NB - La Loire, Béhuard |
Nils Blanchard
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