mardi 16 janvier 2024

D'une nouvelle ministre, de Cripure, de Nabucet / Et Colette, et 1921

 On a fait mention récemment – via Marie-Hélène Lafon, mais on parla surtout de Thierry Maricourt – de personnes seules à Paris.

NB - Paris

On retrouve ce thème dans un article d’Argoul (présent en lien à la page « Le tableau de Savery », sur ce blog), à propos de Colette, sur laquelle l’auteur revient régulièrement.
Là, on parle de Paris de ma fenêtre, publié en 1942 sous le titre De ma fenêtre et republié (corrigé) en 1944 avec une préface de Francis Carco.
Argoul présente le livre :

« De sa fenêtre du Palais royal, au premier étage au-dessus du restaurant Le Grand Véfour, elle observe les passants des galeries, les putains qui font le tapin, les enfants qui jouent au sable, les chiens qui pissent sur les bosquets. Elle est voisine de la Comédie française qui reprend ses représentations, et de Jean Cocteau qui habite le quartier. »


Mais Argoul remarque :

« Évidemment les bêtes, les corneilles qui tombent des clochers sur le jardin, les chats qui chassent le rat pour manger par « haine raciale ». Nécessité n’est pas gourmandise, les chères lectrices rationnées auront compris, mais le terme repris de la propagande contre les Juifs sonne un peu bizarrement. Colette se sent-elle chatte pour chasser par nécessité du temps l’ennemi héréditaire, le rat-juif ? Ou n’use-t-elle de cette expression que parce qu’elle est dans l’air du temps, comme sans y penser ? Ne pas y penser, justement, montre combien les gens les plus intelligents, comme Colette, peuvent se « laisser aller » à suivre le mouvement de l’opinion par inadvertance, moutonnant avec les moutons jusqu’à dire des horreurs qui seront ainsi peu à peu acceptées par tous. »

Illustration de Dignimont (Colette, Paris de ma fenêtre)

Autre chose que les gens répètent comme un mantra, de nos jours – du moins, encore une fois, certains journalistes – : l’absentéisme des professeurs serait gigantesque, un nombre énorme « d’heures non remplacées » est avancé : 15 millions, d’après la ministre à la mémoire pour le moins erratique dira-t-on, évoquée au dernier billet, Mme Oudéa-Castera (source : Libération du 15 janvier dernier, page 14, première colonne). (Mais pour quels niveaux, quand, où, qui ?… Une enquête sérieuse sur le sujet ? Y compte-t-on des heures qui sautent mais que les professeurs rattrapent à d’autres moments ? Quid des heures supplémentaires effectuées – non payées – auprès des élèves, dans le cadre par exemple de sorties ; ceci, pour me faire insulter, il y a quelques années, par un très bon élève, qui avait derrière lui sa « maman », et qui, ayant reçu son bulletin de notes, pensait pouvoir s’en prendre aux professeurs. – Je l’imagine bien passé dans un réseau de petits péteux se croyant tout dû… À moins, bien sûr, que malgré toutes leurs absences, les professeurs l’aient rendu à terme moins bête que ses parents...)
Le 16 janvier, le président Macron d’avancer le chiffre de « 10 millions », dans sa conférence de presse.
Peut-être le pape, demain, parlera-t-il de 5 millions ?
Qui dit plus, moins ?

Illustration de Dignimont (Colette, Paris de ma fenêtre)

D
ans cette conférence de presse (qu’on ne peut entendre que partiellement sur France info – non que ça semble d’un intérêt saisissant…, des « journalistes », « observateurs », « experts » obscurs bavassant par dessus…), il a été question de remise solennelle de diplômes dans les écoles, de Marseillaises obligatoires.
Je pense à ce bon Cripure, dans Le Sang noir, de Louis Guilloux, aux Nabucet.


Mais, sans transition, 1921… Il en a été question plusieurs fois dans ce blog (le fait que ce soit la date de naissance d’Elmar Krusman, c’est un peu un hasard).
Et récemment, je trouve cette couverture de Life, du 21 avril 1921, de Gustav-Adolf Tenggren. Les traits « sémites » caricaturés en haut à droite ramènent bien à ce qu’évoque Argoul à propos de Colette.

Ce n’était peut-être pas si méchant, à cette époque (1921), un affleurement de médiocrité qui, peut-être, sans doute, peut arriver à tout le monde.
Mais de nos jours – voir les effluves antisémites qu’on a senties l’année dernière ; atavisme des « réseaux » « sociaux » anonymes ? – le médiocre la ramène trop.


Nils Blanchard

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

En avril 83 (mais aussi à propos de 1974)

Une fois n’est pas coutume, j’évoque ici quelque chose de ma vie personnelle entre autres, entre autres... J’étais enfant alors. NB - avril ...