mardi 26 septembre 2023

(K)ungälv (II), et ailleurs (et pas le 22 mais le 26…)

Il était question des méfaits de la sous-traitance, il y a peu, à Kungälv. On sait, dans l’histoire des années trente et quarante, les dégâts (pour le moins) qu’ont pu commettre les polices ou armées – milices – « parallèles » aux usages de l’État de droit…

Bruegel l'Ancien, La chute d'Icare, Wikipedia.

Mais plus généralement, la Suède nous ouvre la voie – on la suit, souvent, parfois à raison ; là… – de la sous-traitance dans bien des domaines. Ainsi le secteur privé a vampirisé le « secteur » de l’éducation.
Anne-Françoise Hivert en parle dans Le Monde du 9 septembre 2022
(Bon... pour ce qui est des enquêtes "Pisa" évoquées dans cet article, j'aurais tendance à dire qu'être mal noté par elles est plutôt un bon point...)

Ou encore, plus récemment, cet article somme toute assez surprenant – comment peut-on être aussi naïf ? – dans Le Monde du 22 septembre dernier, d'Anne-Françoise Hivert encore.

Bon, mais le 22 septembre… malgré des températures encore vaguement « mexicaines », je ne peux m'en empêcher :   

Le vingt-e-deux septembre au diable vous partîtes,
Et, depuis, chaque année, à la date susdite,
Je mouillais mon mouchoir en souvenir de vous…
Or, nous y revoilà mais je reste de pierre,
Plus une seule larme à me mettre aux paupières :
Le vingt-e-deux septembre, aujourd’hui : je m’en fous.


Or donc, Le Monde, 22 septembre, page 19, pleine page ; l’article est intitulé : « En Suède, une ville dans la tourmente immobilière – En 2007, la commune de Härnösand a vendu 43 bâtiments publics à une société privée. Aujourd’hui, elle est confrontée à une hausse record des loyers, qui grève son budget. »
C'est qu’on lui avait promis de l’argent frais, tracé des plans sur la comète ; des sociétés privées entretiendraient bien mieux ses bâtiments qu’elle-même…
Comment, oui, être aussi naïf ?
Forcément, est-il expliqué : « (…) ce qui ne devait pas se produire est arrivé. Avec le retour de l’inflation, les loyers se sont envolés (...) »
Et un directeur de collège d’observer, assez logiquement : « Si les électeurs peuvent renvoyer leurs élus, “ils ne peuvent rien faire contre les sociétés privées”. »

NB

Un article de Yohann Aucante de Nordiques (en lien de ce blog ; là, dans le numéro 43 de 2022 : « Crise politique et réponses à l’épidémie de COVID-19 en Suède » – indépendamment de ce qu’on en peut penser quant au recul qu’on pouvait avoir alors fin 2022, et aujourd’hui encore, sur la gestion suédoise de cette crise (voir aussi ici) – met l’accent sur la catastrophe qu’a été, globalement, le sort des personnes âgées vulnérables. Et on n’est guère étonné de voir dans cet article rappelées les privatisations qui ont eu lieu dans le secteur de soins aux personnes âgées, au milieu des années 1990. (Et, personnellement, je ne peux ne pas avoir une pensée pour ma grand-mère. J’en reparlerai vraisemblablement.)

« Tout en louant le respect des libertés et des droits individuels ainsi que des institutions, elle y stigmatisait les lourdes conséquences d’une réaction trop tardive et lente, notamment pour les établissements recevant des personnes âgées vulnérables. (…) Or, le système de prise en charge suédois (…) est aussi un sujet de polémiques depuis de nombreuses années. En effet, ce secteur a été profondément réformé, décentralisé et ouvert aux opérateurs privés depuis le milieu des années 1990. Avec le vieillissement de la population suédoise, il est devenu le premier secteur en termes d’emploi et le moins qu’on puisse dire est qu’une part significative de ces postes sont précaires, souvent payés à l’heure et requièrent des agents qui partagent leur service entre plusieurs établissements quand ils ne font pas du travail à domicile. (…) Les faibles capacités de diagnostic médical, les choix parfois stricts en matière de priorité d’accès dans les services de réanimation ont contribué à décimer cette population dont les conditions de fin de vie ont parfois été très problématiques. »

Mais pourquoi Icare, en début de ce billet ?

D'abord, parce qu'il est question de Bruegel, dans Le tableau de Savery, de Martin Fahlén, dont je reparlerai bien sûr, très vite (j'en suis le traducteur).  


Ensuite, de la psychologie de Brassens, qui n'est pas précisément de bazar: 

Le complexe d'Icare à présent m'abandone, 
L'hirondelle en partant ne fera plus l'automne :
Le vingt-e-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.


Nils Blanchard

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ecran libre

Tombé il y a quelque temps déjà sur le numéro 42 de la revue Les feuilles libres , janvier-février 1926. Là-dedans, Marcel Arland (c’est aut...