J'ai des vices, comme tout le monde. J’aime bien regarder les épisodes de Nestor Burma, avec Guy Marchand dans le rôle titre. La chose est d’autant plus honteuse, et je suis subséquemment d’autant plus penaud de le reconnaître que, n’ayant pas de télévision, je regarde ces épisodes en streaming, quand il m’en passe devant les yeux au gré de je ne sais quel hasard numérique.
Mais : « un coup de dé n’abolira jamais le hasard. » Bon. Est-ce valable aussi pour les touches d’un clavier, les caresses sous-rougeâtres d’une souris fatiguée ?
Dans Noblesse désoblige (2001, réalisé par Philippe Venault), Nestor Burma se fait passer pour un courtier en chevaux suédois, et se présente ainsi auprès de sa proie :
« Je représente Ivan Samuelson, un amateur qui voudrait acquérir de jeunes chevaux (...) »
Ce Suédois vient de loin… Bon, ma foi, il doit bien y avoir des Ivan en Suède.
Cela m’a ramené à une lecture récente… Un livre d’Erik Egnell, Les Suédois en Ukraine (Éditions Cyrano) ; ça a de quoi intéresser !
Il est vrai que les couleurs des drapeaux de l’Ukraine et de la Suède sont les mêmes. Les Suédois, indépendamment de l’aventure de Gammalsvenskby – pas évoquée en ce livre – ont en effet formé à plusieurs reprises des Suédois d’ailleurs en Ukraine.
Deux épisodes principaux. D’abord celui, « au tournant du 2e millénaire », de la fondation de la Rus’, par les Varègues, Vikings de l’Est (de Suède, donc, lors que leurs cousins danois s’occupaient plutôt de l’Occident, et déjà évoqués ici).
La Rus’, ce n’est pas à confondre avec la Russie. Serait-ce plus proche d’une antique Ukraine ?
Autre épisode : Charles XII (voir aussi ici). Son aventure russe que Napoléon (personnage que je m’étonne toujours de voir susciter tant d’intérêt…) avait en tête en se lançant dans la funeste campagne de Russie (et en y lançant, surtout, ses malheureux soldats).
Charles XII (qui règne de 1697 à 1718) est ce roi connu pour avoir passé son temps à faire la guerre, notamment lors de la "Grande Guerre du Nord", avec cette défaite de Poltava en 1709, à l'origine de la cession des provinces baltes que possédait la Suède (dont le nord de l'actuelle Estonie; voir mon livre page 15). Erik Egnell évoque Charles XII surtout à travers son biographe : Voltaire. On y reviendra.
P. A. Brunet-Houard |
Un article récent dans le Göteborgs Posten (d’Andreas Granath, 23 novembre 2022) indique qu’on tend désormais à considérer que Charles XII n’aurait pas été tué par un de ses soldats fatigués par ses guerres, comme ça a longtemps été dit.
Il commence ainsi :
« Sedan Karl XII:s död i november 1718 har det spekulerats vilt. Var det hans egna soldater som satte kulan i kungens huvud? (...)
Det var en dimmig novemberkväll när kungen klättrade upp på krönet vid löpgravarna under belägringen av Fredrikstens fästning. (...) »
« Depuis la mort de Charles XII en novembre 1718 on s'est beaucoup interrogé. Sont-ce ses propres soldats qui lui ont tiré une balle dans la tête ? (...)
C'était un soir brumeux de novembre; au milieu des tranchées le roi gravissait la colline sous la forteresse assiégée de Fredrikstens. (...) »
Plus loin, l'article présente les conclusions des chercheurs finlandais qui ont étudié la chose (à partir de techniques de médecine légale, balistique, etc.):
« Det var alltså förmodligen en norsk kula som släckte kungens liv – och med det drömmen om det svenska stormaktsväldet. »
« C'est donc vraisemblablement une balle norvégienne qui a tué le roi – et par là-même les rêves de grande puissance de la Suède. »
Quant à Mazeppa ?
On y reviendra.
Nils Blanchard
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