mardi 20 juin 2023

Coïncidence – Suédois du Dhôtelland

 Ce blog a ce défaut – ou cette qualité ? Mais n’est-ce pas un peu la même chose ? – de s’éloigner parfois de son sujet titre.


C'est souvent pour s’enfoncer dans le « Dhôtelland ».
Or j’ai lu David, relativement récemment. Ça se passe dans un Val Blanc où se situe Bermont, bourg dhôtelien sur lequel il y aurait beaucoup à dire. Et ce Bermont, quelques années après la Première Guerre mondiale, est abandonné de ses habitants, puis re-« colonisé » – je ne trouve d’autre terme –, par divers « pré-hippies » – je ne trouve d’autre terme –, parmi lesquels au moins deux Suédois.

Alors, là ; pardon ! On ne peut pas avoir des Suédois plus d’ailleurs que ces Suédois-là !

NB - Forêt d'Ardenne

Ils sont mentionnés une première fois à la page 193 (vers la fin, déjà…) :

« C'est un fait que de nombreux voyageurs du cimetière, venus de tous les pays (le tourisme des champs de bataille, leur devoir les amenaient dans ce lieu) entendirent parler de David. Puis, on ne sait comment, son ancien surnom réapparut. De modestes voyageurs d’Allemagne, de Suède ou des États de l’Amérique purent rapporter chez eux, avec des bibelots, des fleurs séchées, le souvenir d’une histoire variable : celle de l’enfant au cœur insensible. »

Bon… Mais Dhôtel parlait-il lui aussi de « devoir de mémoire », Pour les touristes, donc ? Ma foi…
Quant au lien entre des Suédois et les champs de bataille de la Première Guerre ; c’est encore un autre sujet.

Autre occurrence, page 210 :

« Y avait-il beaucoup d’étrangers au Val Blanc ?
Un tiers venait d’Angleterre ou d’Allemagne. Le reste se composait de Français ou de Belges. Il fallait aussi mentionner deux Suédois. »

Oui, il le fallait !

Et la question qui suit est d’importance :

« Les femmes étaient-elles nombreuses ?
Il y avait un peu moins de filles et de femmes que d’hommes. Parmi elles on comptait très peu de Françaises. »

Sans doute ces deux Suédois sont-ils parmi les gens qui déambulent sur la terrasse de l’ancienne maison de Robier, dans la nuit, que le narrateur aperçoit alors qu’il s’est paumé bien sûr – on se perd beaucoup dans les romans d’André Dhôtel, ou encore dans Le vrai mystère des champignons ; on appelle ça « la science subtile de l’égarement » – ; allez-y voir…

Cette terrasse, le Val Blanc dans son ensemble ; plus du côté de la Belgique, de Delvaux ?



Paul Delvaux

« Science subtile de l’égarement » qui nous ramène bien sûr à Patrick Reumaux, qui a réédité en 2022 Le vrai mystère des champignons, et qui a publié cette année Maison noire.
On y reviendra – je ne trouve d’autre façon de dire…
Mais dans Maison noire (on parlait du Dhôtelland) Patrick Reumaux écrit page 186 :

« Lœuvre entière [de Dhôtel], me semble-t-il, est un topos, une exploration de l’espace. Dans la version de Nadeau, cet espace devient le “Dhôtelland”. On ne peut guère trouver expression plus malheureuse. Toute sa vie, la question de l’espace a préoccupé Dhôtel et il suffit de parcourir ses livres pour comprendre que les lieux dont il parle sont le plus souvent des non-lieux, des lieux où il n’y a rien, plus exactement, des lieux où il n’y a rien à voir. Des lieux où, pour voir quelque chose, il faut commencer par regarder. »


NB - Forêt d'Ardenne


Nils Blanchard


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