Je finalise la traduction d’un livre de Martin Fahlén, Le
tableau de Märta. Des époques s’y entrecroisent un peu comme
les animaux dans un tableau maniériste (dont le livre parle
beaucoup).
À un moment, l’auteur évoque le thème bien connu du sourire de la
Joconde :
« Ett liknande fenomen av rörelse i konsten är Mona Lisas leende. En läpparnas hastiga rörelse är något som uppstår och förgår. »
« Dans l’art aussi, un phénomène comparable
concernant le mouvement : le sourire de la Joconde ; un
mouvement furtif des lèvres est quelque chose qui naît, et qui
s’éteint. »
Le livre – vous verrez bien – évoque aussi divers événements
historiques, guerres, surtout autour du XVIIe siècle (soulèvements
des Pays-Bas contre le roi d’Espagne, guerre de Trente Ans…),
mais aussi du vingtième siècle, avec l’occupation de la Norvège
par l’Allemagne – sur quoi l’on reviendra…
Or depuis que je me suis mis à ce blog, à peu près concomitamment
avec l’attaque russe du 24 février 2022 en Ukraine, je m’interroge
– oh… modestement, croyez-le bien – sur certains mouvements
profonds de l’histoire, qui ne sauraient limiter icelle à un décor
de… tableau.
Ainsi ai-je évoqué par ici la guerre de Crimée, la construction de la neutralité suédoise après les aventures de
Charles XII, l’un et l’autre sujets ayant à mon sens des
répercussions aujourd’hui encore.
Or que voit-on, de manière assez spectaculaire, ces tous derniers
temps ? Un retour à l’après-guerre, parfois pour remettre en
cause certaines de ses orientations... Je précise :
l’après-Première Guerre mondiale.
Pêle-mêle : la laïcité d’Atatürk remis en cause en
Turquie, l’arrivée au poste de président du conseil d’une
dirigeante (post-)fasciste en Italie, exactement cent ans après la
venue au pouvoir de Mussolini en 1922.
Retour, aussi, à la Première Guerre mondiale, avec ce qui ressemble
çà et là paraît-il, en Ukraine, à une guerre de tranchées...
On pourrait aller plus loin encore. Pour en revenir à Märtas
tavla, Martin Fahlén raconte comment, lors d’un séjour en
Grèce, aux musée d’Athènes, il rencontre deux fois de suite, de
manière parfaitement fortuite, à quelques jours d’intervalle, une
même collègue suédoise. La seconde fois, devant cette statue
retrouvée par des pêcheurs au large de Marathon, en 1925… Et :
« Denna slumpmässiga upprepning av samma händelse fick mig att inse
att upplevelsen av tid kan förkortas, så att de grekiska
skulpturerna och de keramiska skönheterna blir som färska bröd
från igår. »
« Cette répétition fortuite du même événement
m’a fait comprendre que la sensation du temps peut se raccourcir,
ainsi des sculptures grecques, céramiques, qui semblent comme du
pain frais d’hier. »
Nils Blanchard
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