lundi 26 février 2024

Inquiétudes en février – Un avant, un après

 Qu’a-t-on pu entendre comme âneries sur au moins deux dernières décennies, émanant d’une partie de la droite et d’extrêmes droite et gauche française : que Poutine redressait la Russie, qu’il fallait un homme fort, qu’il était dans son droit…

NB - Angers, décembre 2023

Aux dernières élections présidentielles françaises – premier et encore deuxième tour – les poutinolâtres ont représenté une grande partie de l’électorat, lors même que la Russie avait tenté d’envahir l’Ukraine quelques mois plus tôt, au mépris de traités internationaux qu’elle avait pourtant signés (charte de Paris en 1990, mémorandum de Budapest en 1994…) Non, quoi que pussent penser de soi-disant gens très informés de la culture et de l’histoire russe et slave, qui se dandinent sur les plateaux de télévision en citant des bibliographies de centaines de pages (auxquelles on peut supposer qu’ils n’entendent pas un traître mot), Poutine n’était pas « dans son bon droit ».
Pas davantage lorsqu’il a attaqué la Géorgie, le Donbass, la Crimée…

Capture d’écran, blog Nydahls Occident

Pour en revenir à la mort en Sibérie d’Alexeï Navalny, la journaliste Maria Georgieva d’écrire dans le Göteborgs Posten, le 16 février :

« Ändå delar nyheten upp vår tid i ett nytt före och efter: före och efter Navalnyjs död.
(...)
Själv kommer jag aldrig att glömma vad Aleksej Navalnyj sa till mig när vi satt på en restaurang och han plötsligt började citera den tyske filosofen Immanuel Kant:
– Du måste motivera inför dig själv varför du gör det du gör varje dag. Sen kan du inspirera andra. »

« Cependant, cette nouvelle sépare notre temps entre un avant et un après : avant ou après la mort d’Alexeï Navalny.
(...)
Personnellement je n’oublierai jamais ce qu’Alexeï Navalny m’a dit, lors que nous étions au restaurant. Il a soudain cité le philosophe Emmanuel Kant :
– Tu dois te convaincre toi-même, par l’argumentation, pourquoi tu fais ce que tu fais chaque jour. Ce n’est qu’alors que tu peux inspirer d’autres gens. »

Alexeï Navalny est rentré volontairement en Russie en janvier 2021, d’Allemagne où il avait été tiré de justesse d’une tentative d’empoisonnement.
Il fallait qu’il considérât que l’enjeu était d’importance suffisante.

Or en effet, une guerre ébranle les portes de l’Europe. On parlait des dandins extrémistes (mais pas que) français. Peu de temps avant l’annonce de la mort de l’opposant russe, on a pris connaissance d’un discours de Donald Trump, qui aurait des chances paraît-il de réélection, encourageant Poutine à bousculer les Européens trop timorés d’après lui dans leurs programmes d’armement.

La Fontaine; illustration de François Chauveau, Wikipedia

L
à réside une des grandes inquiétudes de nos temps. Comment des politiciens qui, si les gens votaient à tête reposée, en disposant d’un minimum d’informations fiables, ne dépasseraient pas 0,10 % des voix, parviennent à s’imposer, ou en tout cas obtenir des scores « honorables », dans moult démocraties ?
Problème d’éducation, de formation ?
Problème de l’accès via internet à une information vertigineuse, à tout, dans un certain sens, et donc aussi à rien, qui fait enfler certaines grenouilles expertes jusqu’à la taille de bœufs pâturant à proximité ? Mais elles n’explosent pas ; elles restent là simplement, toute légères, à la merci des vents, et les bœufs ruminant ne prennent pas même garde à elles. À quoi bon, se disent-ils quand ils entendent l’une ou l’autre ânerie, que Pétain par exemple aurait été bénéfique aux juifs français pendant la guerre… À quoi bon ? Elles n’entendent rien de toute façon (aux deux sens du verbe), elles sont déjà parties ailleurs poussées par les vents d’on ne sait quelle mode, auxquels leur poids ne peut résister bien sûr.

Avant… Après : se réveiller, rappeler ce qu’il en est du droit, de l’histoire, du simple bon sens.


Nils Blanchard

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