vendredi 12 mai 2023

« … où il y a des hommes... », l’archéologie des camps.

 Formidable conférence, avant-hier 10 mai, à Metz (cloître des Récollets) de Michaël Landolt sur l’archéologie des camps en France, par extension aussi l’archéologie de l’histoire contemporaine.

NB
Il se trouve que je cite Michaël Landolt dans la conclusion de mon livre (page 106, d’un article d’Archeologia). 

(Et une nouvelle fois, je tiens à disposition de qui le veut, en note, mes notes prises à cette conférence…)

(Aussi, l'ancien camp du Struthof a accueilli le 30 avril dernier les cérémonies pour la Journée nationale des victimes et des héros de la déportation. On en reparlera sans doute.)  


Six parties lors de cette intervention.

Une introduction a rappelé le cadre institutionnel de l’archéologie de l’histoire contemporaine, le nombre important de camps de types divers, ayant existé en France, particulièrement en Alsace-Moselle.

Aussi, insistance sur un retard de la France dans le domaine de l’archéologie de l’histoire contemporaine ; celle des camps ayant commencé il y a une dizaine d’années.

Une première partie ensuite a été consacrée aux camps pour réfugiés espagnols fuyant le franquisme, ouverts juste avant la guerre (Rivesaltes, Gurs…)

Puis il a été question des camps pour « indésirables », « ennemis » ou juifs, pendant la période de Vichy. Les camps des Milles, de Noé, de Drancy. Dans ce dernier lieu (cité de la Muette), dans les années 2000, il y a eu des travaux sur les murs (isolation, etc.). On a retrouvé des vestiges sous les couches de tapisseries, peintures... avec beaucoup de messages, dont un poème...) (À noter, sur le sujet, le site criminocorpus, où l’on peut voir plusieurs graffitis en question.)

Une troisième partie de la conférence fut consacrée aux camps de concentration : Natzweiler et annexes. (L'association du Fort de Metz-Queuleu était à l'origine de la conférence.)

À  Auschwitz, il y a eu des fouilles archéologiques dès 1967. Elles commencent pour le Struthof (Natzweiler) en 2018.

Or pour l’étude du camp de concentration de Natzweiler, on s’est basé beaucoup sur des témoignages de rescapés. Mais sur toute une première période de l’histoire du camp, on n’en a pas, (ou très peu), vu qu'il y avait alors surtout des déportés de l'Est, dont les témoignages ne nous sont pas parvenus. Et l'époque de l'utilisation de la carrière, en cours de fouilles (voir un peu ici), date de cette période. L'archéologie permet du coup de mieux cerner l'évolution, la datation, l'authenticité des éléments (des choses ont été déplacées, ce qu'utilisent les révisionnistes pour prétendre à des incohérences), la vie des déportés (graffitis, objets...) 

Ont été ensuite évoqués les camps après la guerre, par exemple pour des travailleurs venus d’Indochine.

À un moment, M. Landolt de remarquer : « Partout où il y a des hommes, il y a des camps… » Mais
est-ce si vrai ?


Nils Blanchard
    

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