lundi 8 mai 2023

Obernai, II

 L'histoire de ce camp annexe du KL Natzweiler est liée au château de Hell (dont on parla au billet du 3 avril). 

NB - mars 2023
Il en reste, d'après ce que l'on peut comprendre, ce bâtiment, sur le portail duquel est apposée la plaque du Souvenir français en hommage aux déportés. 

On peut consulter un article du 9 janvier dernier, sur le site de la Fondation pour la mémoire de la déportation, à l'occasion d'une commémoration pour les 80 ans de l'ouverture du camp. Voir, aussi et entre autres, le site du Ministère des Armées Chemins de mémoire

H. Himmler, chef de la SS comme on sait, décide dès février 1942 de l'installation d'une école SS en Alsace annexée. Il s'agit d'une école de transmission (SS-Nachrichtenschule), à destination d'auxiliaires féminines SS. Le choix du site se porte sur le château de Hell avec son parc. Aussi: le château non loin de El Biar, et un poste de commandement installé au Vieux Moulin (route de Boersch); enfin : un centre d'accueil dans le château de l'Ehn (domaine de la Léonardsau). Je ne me suis rendu pour l'instant que sur le  site de Hell. 

(À noter l'étrange retour de cette notion d'enfer, ici à travers l'anglais -- même si l'étymologie n'a peut-être rien à voir --; est évoqué en mon livre, pages 140-141 un certain Hölle -- détour par l'allemand, cette fois --, qui était chargé à Bisingen de venir chercher les cadavres des déportés avec sa charrette.)

NB - mars 2023
C'est pour aménager, rénover ces différents sites que sont utilisés dès septembre 1942 des déportés du KL Natzweiler (Struthof). Du camp central à Obernai, il y a une trentaine de kilomètres ; les déportés utilisés font au départ le trajet tous les jours du camp central. Puis ce procédé est jugé trop long, d'où l'ouverture le 15 décembre 1942 de l'Aussenkommando Oberehnheim, le camp annexe d'Obernai, entouré de barbelés électrifiés et miradors, dans les bâtiments des écuries du château. Un contingent de 200 détenus y est installé.  

NB - mars 2023
   
 
NB - mars 2023


 En plus des travaux évoqués plus haut, les déportés sont aussi chargés de travaux agricoles. 
Conditions de vie et de travail particulièrement (même si cet adverbe est toujours difficile à employer en ce cadre) rudes, avec nombreux transports vers le Revier de l'infirmerie du camp principal. Le nombre de décès s'élève à plus de cent déportés.
Le camp annexe est évacué progressivement à partir d'août-septembre 1944, fermé définitivement le 22 novembre. 
Récemment, le site internet du Struthof a publié la photo de cette brouette, ayant servi aux déportés du camp, qu'une habitante d'Obernai avait conservée jusqu'en 2010. 

Site internet du musée de l'ancien camp du Struthof

On reviendra sur les relations entre populations et déportés ; on sait leur aspect singulier notamment autour de certains camps annexes, qui pouvaient jouxter des milieux urbains.
Le 22 novembre 1944, le camp central du KL Natzweiler a déjà été évacué, mais le complexe des camps annexes qui lui étaient rattachés demeure (du moins, et de moins en moins, sur le papier), notamment avec des camps du côté allemand du Rhin. Elmar Krusman est alors à Bisingen depuis déjà près de deux mois ; il y mourra près de quatre mois plus tard.


Nils Blanchard

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vérité, mensonge, fiction… et hasards

Il faudrait pouvoir retenir le temps bien sûr. J’en suis encore à des réflexions – au sens premier du terme d’abord, de « reflets » – lancé...