mercredi 25 janvier 2023

Visage ; autoévaluation / le cas contraire…

 Que sait quelqu’un de son visage sinon qu’il est un autre – un autre que ce qu’on imagine ou voit (dans un miroir, tout juste un négatif), un autre que l’on guide à peu près néanmoins vers ce qu’en attendent les autres, comme on manœuvre un cheval, en se servant de techniques éprouvées, apprises…

John Bauer, autoportrait, 1908.

Peu de place à l’improvisation, là-dedans, et pourtant tout est improvisation. 

(Mais l’improvisation, elle-même : résultat d’un travail…)


Membre de la Route inconnue, travaillant à Brême, Peer de Smit

m’écrivait en juillet dernier :


« Die mehrfache Bedeutung von Gesicht als Wahrnehmungsorgan, als

Ausdruck (‚Antlitz‘), als ‚das Gesehene‘  und als Zukunftsvision könnte 

vielleicht auch Aufschluss geben über die besondere Bedeutung, die das

Gesicht immer wieder in Dhôtels Romanen hat. Da werden die Gesichter oft 

als ‚indifferent‘  beschrieben, aber zugleich wie durchlässig für das Zukünftige

und damit möglicherweise für ‚une autre intelligence, elle serait presque à

rapprocher de ce qu’on appelle le destin‘. »


« La signification multiple du visage comme organe de perception, comme

expression (visage), comme ce qui est vu et comme vision d'avenir pourrait

peut-être aussi nous éclairer sur l'importance particulière que revêt le visage

dans les romans de Dhôtel. Les visages y sont souvent décrits comme

indifférents, mais en même temps comme perméables à l'avenir et donc

peut-être à une autre intelligence, elle serait presque à rapprocher de ce 

qu'on appelle le destin»



Bon, mais quand on se lance dans André Dhôtel, on ne s’en sort plus…

Il mène à tant de gens. Patrick Reumaux, tenez… Un livre… publié au

Téraèdre en 2004… Titre : Histoire de visages – épistémologie des leurres.

J’avoue ne pas être sûr d’avoir très bien compris, mais j’en ai gardé

néanmoins un extrait qui me fait penser au Château que j’ai évoqué çà et là (il 

faut suivre !…) , où K, – où moi-même –, assistentde loin ! – à une

opération d’« autoévaluation » d’un établissement destinée aux lointains 

potentats du Château, basée sur le volontariat mais…


Gerhard Haderer

L’extrait (il est question d’Habermas, de Max Weber…): « Pour qu’il y ait

communication, il faut que la parole ou l’acte qui en témoignent soient

estampillés conformes, c’est-à-dire validés par une norme qui les légitiment.

Sinon… On n’ose pas penser à ce qui se passerait dans le cas contraire.

information, coordination de l’action, socialisation des acteurs, tels sont les 

maîtres mots de l’agir communicationnel comme système visant à

transmettre le savoir accumulé, à effectuer les normes adaptées à chaque

contexte particulier, enfin à construire les contrôles internes du

comportement et en particulier à former les structures de la personnalité.

(Habermas.) »


K, avec le Château : échec complet de toute tentative de communication.

Les personnages de Dhôtel se débrouillent mieux – mais ils ignorent 

simplement le Château. Quand on y réfléchit bien, ils sont à peu près à

l’inverse de ce qui est décrit dans les lignes précédentes.



Nils Blanchard



P.-S. : exposition mentionnée sur le site de l'Institut finlandais, (à la suite

des histoires de forêt)… : « Écoutons la forêt pousser, saison II ». Un certain

nombre d’artistes, designers… y sont conviés, dont Bo Haglund. Début d’un

entretien du 2 décembre dernier qu’on peut lire sur le site de l’Institut :


               «  Bonjour Bo ! Comment vous sentez-vous ici à Paris ?


Je suis très heureux d’être ici. Je suis arrivé [en France] depuis début Juillet,

quand j’ai commencé ma résidence à l’Hôtel Chevillon de Grez-sur-Loing. 

C’est une résidence artistique qui a été fondée par une fondation suédoise

dans les années 1990, car dans les années 1800, de nombreux artistes des 

pays nordiques sont venus y travailler. J’ai un superbe espace de travail, qui

était autrefois l’atelier de Carl Larsson. Grez-sur-Loing est un petit village 

paisible, d’où je peux facilement accéder à Paris et ses diverses expositions.

(…) »


On reparlera sans doute de Grez-sur-Loing. Peut-être via Philippe Delerm, par

ailleurs membre d’honneur de la Route Inconnue. Le monde est parfois petit,

comme on dit…



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