Au cours de mes recherches sur Elmar Krusman, mes déambulations
numériques ont plusieurs fois croisé le site de l’Association
Maurice Vissà, qui abrite aussi les éditions de l’Avière.
C'est un peu la réunion des centres d’intérêt de l’association et
de la maison d’édition qui a engendré un livre atypique, bien
écrit, riche de documentation : Haslach et Vaihingen –
Maurice Vissà, jeune résistant vosgien, signé Sylvie Vissà et
Jean-François Faye.
On peut suivre ici la présentation qui en a été faite dans La
Montagne, il y a déjà cinq ans, le 2 juillet 2017 (depuis, le livre
a connu une deuxième édition en 2019), parlant d’« un
livre original sur l'histoire tragique d'un très jeune résistant,
mais pas seulement. À première vue, et notamment la couverture du
livre, un portrait en médaillon invite le lecteur à découvrir
l'histoire d'un jeune résistant vosgien, Maurice Vissà. C'est bien
le cas. Mais là où cet ouvrage fonde toute son originalité, c'est
dans la démarche des co-auteurs. »
Original, c’est que le livre en fait en comporte deux.
« La première partie de l'ouvrage intitulée Mémoire
recomposée est un récit retraçant le parcours de Maurice
Vissà, jeune résistant et déporté vosgien (…) » Comme
l’indique le titre de la partie, la démarche est singulière :
on n’est pas dans le roman, pas complètement non plus dans
l’exposé froid des faits. On pourrait parler d’histoire
racontée, avec quelques libertés (limitées et contrôlées),
données à l’empathie du narrateur.
La Montagne poursuit : « Dans la seconde partie
intitulée Quête et enquêtes, les auteurs précisent leurs
motivations et investigations. Ils ont ainsi suivi le parcours des 5
autres résistants arrêtés avec Maurice Vissà mais aussi des
Vosgiens qui ne sont pas allés à Vaihingen. Ils ont cherché à
connaître le sort des gardiens qu'avait pu croiser Maurice Vissà,
découvrant de sinistres personnages. (…) »
Cette seconde partie peut faire figure de manuel à l’usage de
personnes qui voudraient faire eux-mêmes des recherches sur un
déporté.
On reparlera de ce livre bien sûr. Je ne me le suis procuré (et ne
l’ai lu) qu’en juin 2022.
Et je voudrais d’ores et déjà insister sur un parallélisme
frappant dans les destins de Maurice Vissà et Elmar Krusman. L’un
est né en 1927, l’autre en 1921, puis le premier est arrêté
« définitivement » en 1944 – il a 17 ans – le second
en 1941, à 20 ans. Tous deux sont passés par des kommandos du KL
Natzweiler : le camp central du Struthof, Haslach et Vaihingen
pour Maurice Vissà, Bisingen pour Elmar Krusman.
Aussi : tous deux connaissent et subissent la dernière phase de
l’époque concentrationnaire.
Pour ce qui est du passage dans les grands camps de concentration :
Maurice Vissà entre le 30 août 1944 au KL Natzweiler. Le 1er
septembre 1944, Elmar Krusman entre au KL Stutthof (Dantzig). Maurice
Vissà meurt le 4 mars 1945, Elmar Krusman le 13 mars 1945.
Le parallélisme s’arrête là sans doute ; des parallèles
pourraient être faits entre les millions de victimes du système
concentrationnaire. Mais, j’en discutais au Collège doctoral
européen (lors de ma conférence le 10 juin dernier), ces
parallèles, ces recherches, ces témoignages qui continuent
d’abonder sur la période, travaux, réflexions historiographiques
participent de la mémoire (et gardons-nous là de certains baratins
creux) et donc de l’identité des peuples, des nations. De
l’Europe ?
Nils Blanchard
Photos suivantes : autour du site de l’actuel mémorial d’Haslach, à proximité de
l’entrée de Vulkan. (Cf. billet sur ce blog du 11 mai sur
Haslach.)
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