Dans Stasimon, son blog qui existe depuis 2005, l’écrivaine, traductrice Hillevi Norburg évoque, entre autres, une certaine vie quotidienne. Il en a été question ici, cela pouvait avoir un lien avec la guerre en Ukraine, dont il semble qu’on ne soit pas sorti aussi vite qu’on aurait pu croire à un moment.
NB, Suède, été 2021 |
Cela peut aussi avoir un lien avec les écrits de quelqu’un que j’ai eu beaucoup
de plaisir à connaître – lui et sa famille. On dira, pour simplifier, des
suédophones de Finlande – il y a… quelques années. Un peintre, abstrait :
Mais poète, aussi.
On va en juger ; mais j’en reviens à Hillevi Norburg, dans Stasimon, le 14 mars
2022 :
« Barnen är sjuka, förkylda. Vi har lagt dem för natten, vår pojke i sitt eget
rum, vår dotter i vaggan som står i sovrummet. Kvällen tillbringar vi i
vardagsrummet, framför varsin skärm. (…) När de inte mår bra, när de
är ledsna eller krassliga, är det som att jag långsamt tappas på energi. (…)
Samtidigt arbetar jag vidare med min översättning av Maupassants
skräcknoveller, också idag har jag på något sätt fått ihop mina sidor för dagen.
Jag trodde aldrig att jag skulle kunna arbeta såhär, upphackat och ansatt av
distraktioner, men det går. Även om ansträngningen lämnar mig utmattad när
kvällen kommer. »
« Les enfants ont un rhume. Nous les avons couchés pour la nuit, notre
garçon dans sa chambre, notre fille dans le berceau de notre chambre. Et
nous passons cette soirée dans le salon, chacun devant son écran. (…)
Quand ils ne vont pas bien, qu’ils sont tristes ou souffrants, c’est comme si je
me vidais lentement de mon énergie. (…)
En même temps, je travaille à ma traduction des nouvelles de Maupassant, et
aujourd’hui j’ai pu quand même en avoir mon lot de pages pour la journée.
Jamais je n’aurais pensé pouvoir travailler de cette façon, harcelée, assaillie
de distractions, mais ça se fait. Même si les efforts requis me laissent épuisée,
quand vient le soir. »
NB – Intérieur, Suède. Ces rideaux, comme un voile
(lectures, travail) sur la réalité…
Ou, plus récemment, le 23 juin :
« Det är torsdag, men jag behandlar dagen som en fredag eftersom det är
midsommar imorgon. Alltså har jag, efter att ÅTERIGEN varit sjuk tillsammans
med barnen, gått till caféet där jag ägnat förmiddagen åt att läsa klart en
avhandling om Maupassant nihilistiska fantastik och hur den kan kopplas till
Schopenhauers filosofi. »
« C’est jeudi, mais je passe la journée comme un vendredi vu que demain
c’est Midsommar [la Saint-Jean]. Ainsi, après avoir été À NOUVEAU malade
et mes enfants avec, j’ai passé la matinée au café où j’ai relu un essai sur le
nihilisme fantastique chez Maupassant, et comment ça peut être lié à
Schopenhauer. (…) »
NB – Suède, été. Nihilisme fantastique ? |
Mais J. K. Weckman, dans son livre de poèmes de : Du, stanna här – titre
qu’on pourrait traduire, en français, par : Toi… Reste là (Söderström, 1978),
parle aussi d’une certaine vie quotidienne ; de soirées, d’enfants… Ainsi un
long poème, magnifique, commence ainsi : (sans titre, page 15) :
« Barnen somnade äntlingen
och jag försöker städa universum.
I morgon börjar allt på nytt
(…) »
« Les enfants se sont enfin endormis
et j’essaie de faire le ménage dans l’univers.
Demain tout recommence
(…) »
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Nils Blanchard
P.-S. – Hillevi Norburg a publié il y a un mois un roman, Messalina (éditions
Augusti). On y reviendra.
– Il a été évoqué, ici, Mademoiselle K, à ne pas confondre avec une autre, un
autre K ; il y a quelques jours est « sorti » un nouveau titre d’elle,
– Été voir à l’Institut suédois, rue Payenne, à l’occasion d’un court passage à
Paris pour l’assemblée générale de La Route inconnue, cette exposition
LONGING, déjà évoquée. Elle vaut le détour et on en reparlera…