samedi 14 mai 2022

Voix blanches ? Neutralité, tissage

Demain dimanche, le gouvernement suédois donnera sa réponse par rapport à une entrée éventuelle dans l’OTAN (que l’on dit décidée...)

Frans Lindberg

Je prépare depuis quelque temps un billet sur le sujet de la neutralité, des débats récents autour d’une éventuelle entrée dans l’OTAN. Je suis aussi, entre deux conférences… J’évoquais ainsi en novembre dernier à l’INALCO les Esto-Suédois qui, peut-être, ne pouvaient réellement être considérés comme une nation à part entière, parce qu’ils n’avaient pas d’ennemis, ou plus exactement refusaient, se refusaient de les affronter (jusqu’à l’exil final en Suède). Évidemment, je résume beaucoup, beaucoup trop sans doute...
Ne peut-on quand même faire un raccourci et parler de neutralité (mais absolue, ce que la suédoise a rarement été) dans le refus des Esto-Suédois de prendre de front (aux XIXeme – XXeme siècles) les barons baltes, les Russes, les Estoniens, les Soviétiques, les Allemands des armées nazies… Après, c’est à peu près fini : quand les Soviétiques reviennent en Estonie en 1944, neuf-dixièmes des Esto-Suédois ont quitté le pays.

Bon, mais, en gros, résumé de prises de position récentes sur le sujet de la neutralité, en Suède.

Dans le Göteborgs Posten du 3 mai dernier, article de Hans Sternlycke, dont le titre résume bien le propos : « Fred skapas inte med krigsallianser » (« La paix ne repose pas sur des alliances militaires »).

Arguments : 
- une entrée de la Suède dans l’OTAN n’aidera pas particulièrement l’Ukraine,
- les États-Unis ont pu fort mal se comporter par le passé… (évoque très rapidement certains coups d’État, bombardements… j’ajouterais à titre personnel le blocus en Irak…),
« Våld föder våld! » (« La violence engendre la violence ! ») et l’OTAN serait d’après l’auteur plus une alliance agressive que défensive,
- de grandes décisions en Suède (sur le nucléaire, l’adhésion à l’EU…) ont donné lieu à des débats importants, ce qui ne serait pas le cas ici…

Inversement, dans le même journal, le 6 mai, Börje Qvarfordt démonte certains arguments des « anti OTAN », rappelant par exemple que les puissances nucléaires n’engagent pas leur armement nucléaire dans l’OTAN, ne le lui laissent pas à disposition mais le contrôlent nationalement.
La veille, très remonté contre Poutine (ce que l’on comprend…) Thomas Nydahl, dans son blog Nydahls Occident, rappelait que l’échec de l’ONU, lors des guerres de Yougoslavie et, finalement, la nécessité à l’époque de faire appel à l’OTAN.

Les arguments des « pro-OTAN » me semblent plus sensés, tant ceux des « anti » portent la marque, çà et là, d’anti-américanisme primaire.
Pourtant, j’aurais plutôt tendance à donner raison à Hans Sternlycke, en considérant qu’il faut aussi des pays qui suivent une autre voie. Qu’un « état » de droit international profite plus de la multiplicité des avis, des intérêts, que d’alliances rigides dressées les unes contre les autres.
Pourquoi voudrait-on que les Suédois fassent comme les autres ? Puis la neutralité en Suède relève d’une longue histoire (mais, donc, j’en reparlerai…)
Enfin : plus personne ne parle du prédécesseur de Joe Biden, dont la mouvance pourrait revenir un jour au pouvoir…

Voilà, pour l’instant, sur la neutralité.

Quant au tissage, je lisais récemment dans le livre de Michel Lamart, déjà évoqué ici (Le Chaudron fêlé, collection « Les Plaquettes », À l’Index, 2022), au 3e chapitre intitulé « Voix blanches », ce 10e aphorisme :

« Parole et tissu : même mot en Dogon. Le tissage est une activité masculine, comme partout dans cette région d’Afrique. On ne travaille pas de nuit : cela équivaudrait à tisser l’ombre. Ombre et bruit sont de même nature. Les paroles des ancêtres chantées par le tisserand ne doivent en rien être dérangées. La parole est une bande de tissu qui sort de la bouche. Elle se transmet mais ne doit pas être coupée sous peine de mort du groupe. »

On me demandera quel rapport cela a avec les Suédois, d’Estonie ou d’ailleurs. Allons voir sur le site de l’Institut suédois de Paris l'Institut suédois. Exposition « Longing », du 13 mai au 14 août (2022).

NB

Début du commentaire sur le site :

« Les six artistes de l’exposition LONGING – fils tissés, récits croisés viennent des quatre coins du monde. À travers leurs tissages, ils évoquent leur histoire et interrogent les notions d’origine, d’héritage, d’appartenance, de la famille, de la spiritualité et de l’existence. Le sentiment de vide partagé ces derniers temps par une grande part de l’humanité, les a rassemblés autour d’un thème commun, longing en anglais – à savoir, ici, le désir de se trouver ou de se retrouver, la nostalgie du passé, le regret des êtres disparus ou des rêves inaccomplis. »

Ce qui me ramène à une de mes connaissances, Martin Fahlén – j’y reviendrai… –, qui en 2021 a publié un livre sur l’industrie du lin développée à travers les décennies par une partie de sa famille (paternelle), sur l’Ångermanälven.

Le tapis d’Anna – Sur les traces d’un colporteur du Nord - ISBN 978-91-519-9179-5


Nils Blanchard


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