Toujours le débat sur la neutralité en Suède.
Ne peut-on considérer qu’une adhésion à l’OTAN n’est peut-être pas exactement similaire à une inscription à une plateforme de films en ligne ?
NB, Bohuslän. On devine, à gauche, la silhouette de la forteresse de Carlsten (Marstrand) dont il est question plus bas... |
Le 17 mars dernier, Robert Azar de publier un article sur la guerre de Crimée (1853-1856) dans le Göteborgs Posten : « Viktigt att minnas Krimkriget – Il est important de se souvenir de la guerre de Crimée. »
Pourquoi donc ?
Après avoir rappelé les forces en présence (France, Royaume-Uni associés à la Sardaigne, à l’Empire Ottoman, contre la Russie), R. Azar note que ce conflit européen oublié utilisa les avancées technologiques liées à la Révolution industrielle (chemin de fer, marine à vapeur, presse informée grâce au télégraphe…)
Pour empêcher les Russes de trop s’étendre vers le Bosphore au détriment de l’Empire Ottoman de plus en plus faible, les occidentaux intervinrent, et obtinrent comme on le sait l’avantage.
On proposa à la Suède de rejoindre les puissances occidentales. Cela ne fut pas vraiment le cas, mais la neutralité fut écornée.
Pourtant, « Liksom i våra dagar fruktade man att kriget skulle sprida sig till Östersjön och Sverige. Man debatterade om utökade anslag till försvaret, koleran grasserade och Carlstens fästning försattes i krigsdugligt skick. Stämningarna i landet präglades av revanschlystnad mot "arvsfienden" Ryssland, som hade erövrat Finland märkesåret 1809. Den liberala pressen utpekade tsar Nikolaj I som en despot, medan ultrakonservativa kretsar såg ett bålverk mot de revolutionära rörelserna i Europa i tsarismen. »
« Comme actuellement, on craignait une contagion de la guerre à la Baltique et à la Suède. On débattait de l’augmentation des crédits militaires, le choléra sévissait [la maladie faisait alors des ravages en Crimée], et la forteresse de Carlsten était remises aux normes de la guerre. On sentait dans le pays une soif de revanche contre l’“ennemi héréditaire”, la Russie, qui avait pris la Finlande en cette funeste année 1809. La presse libérale présentait Nicolas Ier comme un despote, lors que les cercles ultraconservateurs voyaient dans le tsarisme un rempart contre les mouvements révolutionnaires en Europe. »
Alors, la Suède laissa les Occidentaux utiliser le détroit de Fårö ; en 1854, la forteresse de Bomarsund (Åland) est détruite par une flotte anglo-française. Et finalement, le roi Oscar Ier entre dans une alliance défensive avec la France et l’Angleterre.
Au traité de Paris (1856) sera décidée la démilitarisation complète des îles Åland, russes à l’époque, finlandaises aujourd’hui (mais suédophones).
Robert Azar revient sur le sujet le 8 mai (toujours dans le Göteborgs Posten), en rappelant que la neutralité suédoise est ancienne, n’est pas qu’une conséquence de la Seconde Guerre mondiale. Elle remonte formellement à une déclaration écrite du roi Karl-Johan (le fondateur de la dynastie Bernadotte actuelle, Charles XIV Jean) – bien évidemment, note R. Azar, rédigée dans un français élégant.
Pour en revenir à la notion de guerre, qui nécessite un peu plus de circonspection que des prises de position à la va-vite de gens pétris d’idées reçues (les « caprices téméraires de la volonté » comme disait Blaise Pascal), un adepte d’arts martiaux pourrait expliquer que le combat est précisément ce qu’on essaie d’éviter en s’y préparant. Mais une fois qu’il a lieu, c’est un bouleversement – je reviens à l’échelle d’un État, a fortiori d’un continent – qui peut avoir des conséquences sur le long, le très long terme.
J'enfonce une porte ouverte, peut-être. Après la guerre de Crimée, intervint celle de 70 ; trop confiant en ses succès passés, le Second Empire s’y est détruit. Au-delà, 70 explique en grande partie le déclenchement de la guerre de 14. Qui elle-même...
Nils Blanchard
Rapport, ou pas de rapport ?
Guerre, premier des inédits récemment retrouvés de Céline à être publié…
Quant à Tolstoï – Guerre et paix – n’est-ce pas pendant la guerre de Crimée qu’il avait développé une certaine détestation des Français ?
Paru, hier, sur le site Argoul un article sur le Cahier André Dhôtel n° 19, sur la revue 84, dont il a déjà été question ici. Revue… d’après-guerre… On en reparlera.
NB
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire