mardi 8 mars 2022

Guerre d'hiver, Tellervo

Un monsieur m’a parlé à un dîner, en Suède, il y a trois ou quatre ans, de ses souvenirs de ces enfants finlandais, réfugiés de la guerre d’hiver, qui attendaient en groupe, une précieuse pancarte (leur identité…) autour de leur cou.


Source: Riksarkivet, Sverige
Petit rappel : la guerre d’hiver commence commence fin novembre 1939, après que la Finlande, soucieuse de préserver son indépendance, ait refusé de céder aux instances de Staline (de céder, dans un premier temps, notamment la location du port de Hanko pour mieux protéger Léningrad…) et dure jusqu’au 13 mars 1940 (traité de Moscou). Suivront ensuite une guerre dite « de continuation », à nouveau contre l’URSS, puis un troisième conflit, cette fois contre l’Allemagne nazie.
Le 4 mars dernier, a été publié dans le Göteborgs Posten une colonne libre de Pentti Käppi, ancien enfant de la guerre de Finlande. Le titre : « Vad kommer att hända med flyktingarna från Ukraina? – Que va-t-il advenir des réfugiés d’Ukraine ? »
Il commence ainsi : 

« Vi finska krigsbarn, som ännu lever och minns vårt barndomstrauma, kan inte undgå att dra paralleller med det orättfärdiga och oprovocerade våldet som riktas i Ukraina mot hela befolkningen och särskilt mot barn. Det första våldsverkaren gör är att döda sanningen. »

Traduction : « Nous, les enfants finlandais de la guerre, qui vivons encore et nous souvenons de nos traumatismes de l’enfance, ne pouvons nous empêcher de faire des parallèles l’injuste violence qui a été dirigée contre l’Ukraine innocente, contre toute sa population et plus particulièrement les enfants. Ce que le fauteur de violence fait en premier : assassiner la vérité. »

Ce téléscopage entre histoire et actualité a été noté par un chroniqueur du même journal, Håkan Boström, qui a rappelé le 28 février dernier que la Finlande, en son temps, avait « montré que l’on pouvait résister à la supériorité russe
 »… L’article n’est cependant pas d’un optimisme absolu : pour lui, aucun des deux pays ne peut vraiment gagner. – Tant il est vrai, la question fleure avec la philosophie, que l’on peut se demander ce qu’est « gagner une guerre »… – Håkan Boström note aussi que c’est la première fois, depuis justement la guerre d’hiver, que la Suède, longtemps chantre de la neutralité, soutient (par l’envoi de matériel) un protagoniste.

Dans une famille chez laquelle j’ai logé assez longtemps dans une région du sud de la Finlande encore très suédophone à l’époque, un garçon faisait son service militaire dans un régiment avec d’autres suédophones. C’était l’époque où la France allait supprimer le service militaire, ce qu’eux ne comprenait pas, ce qu’on comprend un peu mieux aujourd’hui…

Et pour en revenir à la guerre d’hiver, des images de l’époque nous ramènent cruellement à l’actualité ukrainienne.

Foule en gare de Helsinki, avant l'ouverture des hostilités fin 1939
Creusement de fossés préventifs dans le parc Kolmikulma, Helsinki

Il y avait dans ce parc Kolmikulma, il y a toujours, une statue de la déesse Tellervo, divinité de la forêt de la mythologie finnoise, que l’on doit au sculpteur Yrjö Liipola, en 1928. C’est à cause d’elle que l’on parle aussi couramment du parc de Diane (Dianapuisto), en confondant Tellervo avec cette dernière déesse.

Y. Liipola qui a aussi fait une statue qui s’intitule « Le cri ».

Nils Blanchard


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