On entend çà et là que « tout est possible », plutôt vers le pire. Thomas Nydahl par exemple, le 29 mars, d’asséner : « Djupt i mig rör sig dock en tanke: om inte dårskapen på plats snart upphör rör vi oss farligt nära den totala katastrofen. » / « Il y a cette pensée ancrée profondément en moi : si la folie ambiante ne s’arrête pas, on pourrait s’approcher d’une catastrophe totale. »
NB - mars 2024 |
On pourrait aussi citer Lennart Erling (Den långsamma bloggen), au début du mois :
« På teve menar Staffan Heimerson att vi i Europa befinner oss i samma läge som 1943, innan Hitler mötte ett samlat motstånd från demokratierna. Historien upprepar sig aldrig, sägs det. »
« À la télé, Staffan Heimerson de considérer que l’on se trouve dans la même situation qu’en 1943, avant qu’Hitler rencontre une opposition unie des démocraties. Il est vrai qu’on dit que l’histoire ne se répète pas. »
Bon. 43 sonne étrangement : d’abord, c’est aussi l’URSS (Stalingrad), qui n’était pas précisément une démocratie, qui a contré le nazisme. Certes, en 1943, les États-Unis étaient entrés en guerre depuis plus d’un an, mais on oublie un peu vite que le Royaume-Uni était en guerre depuis 1939, à peu près seul (indépendant) face à Hitler de juin 1940 à juin 1941 (Barbarossa).
Le nouveau président finlandais, aussi, Alexander Stubb, prenant ses fonctions il y a à peu près un mois, d’asséner : « Vi lever i en tid av oro och oordning » « Nous vivons un temps d’inquiétude et de désordre »...
Et un an après la Finlande, la Suède est entrée à son tour dans l’OTAN, après de longues périodes de neutralités – certes plus ou moins compromises çà et là – depuis Bernadotte, voire avant encore.
Au moins deux articles de ce blog évoquent déjà le sujet : dans ces parages. Encore une fois, un monde, ou un continent (quasiment) totalement divisé en deux camps ne laisse guère de place à une négociation, une simple communication possible. On me rétorquera qu’on ne peut guère communiquer avec V. Poutine. Mais le pouvoir de ce monsieur, aussi long ait-il été, n’est pas éternel…
Aussi, si quelqu’un comme Trump devait revenir au pouvoir aux États-Unis, l’utilité de l’OTAN pour la Suède serait de toute façon amplement diminuée.
Peu importe, il semble que le gouvernement d’Ulf Kristersson (soutenu par l’extrême droite) profite dans les sondages de la popularité de cette entrée dans l’OTAN (initiée, assez bizarrement d’ailleurs, par les sociaux-démocrates). Du coup, on lit ce genre d’article étrange, dans le Göteborgs Posten (le 11 mars), d’Alex Vårstrand, où il est question de la « protection de notre héritage culturel qui est une partie de notre défense nationale ». Et l’auteur précise :
« Regeringen har beslutat att inrätta ett kulturskyddsråd. Rådets syfte är att ta fram en effektiv beredskapsplanering för kultursamlingar, byggnader och miljöer. Rådet, bestående av Riksantikvarieämbetet, Riksarkivet, Kungliga biblioteket, MSB, länsstyrelserna, museerna och Svenska kyrkan, kommer att avgöra vad som ska skyddas och hur. »
« Le gouvernement a décidé d’instaurer un Conseil de défense de la culture. Le but de ce conseil est de mettre en place un plan d’alerte efficace concernant les collections, bâtiments et milieux culturels. Le conseil, constitué des autorités suédoises du patrimoine, des archives nationales, de la Bibliothèque royale, du MSB (administration pour les situations de crise), des autorités régionales, musées, de l’Église suédoise, qui va décider ce qui devra être protégé, et comment. »
Encore une fois, l’extrême droite soutient ce gouvernement ; quelle idée peut-elle avoir d’un quelconque héritage culturel ?
Voilà qui rappelle en tout cas les collections du Louvre déménagées pendant la guerre, les vitraux de la cathédrale de Chartres…
NB - Vitrail de René-Louis Petit, abbatiale de Montier-en-Der, mars 2024 |
Face à cette « conjoncture » pour le moins déstabilisante, Lennart Erling poursuit son article du « blog ennuyeux », sans transition :
« Att vandra i skogen, längs stigar och vägar som vi känner till sedan länge. Ändå samma glädje att kunna röra sig i naturen, andas in skogsluften, iaktta de första tecknen på vårens ankomst. Äta lunchmackor i en solig backe, i lä för vinden. Samtala, eller vara tysta. »
« Se promener en forêt [la forêt est, d’abord, ce qui est en dehors…], suivre des pistes, des chemins que l’on connaît depuis longtemps. Et cependant la même joie toujours d’évoluer dans la nature, respirer l’air de la forêt, observer les premiers signes de l’arrivée du printemps. Manger des sandwichs sur un promontoire ensoleillé, à l’abri du vent. Parler, ou rester silencieux. »
Nils Blanchard
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