Quand la représentation du corps pose problème, c’est un premier sujet (qui peut nous ramener à la renaissance…) Quand tout (et n’importe quoi) devient sujet, c’en est un autre encore.
|
Gerhard Henning |
Au hasard d’un article sur le site du dénommé « Argoul », le 15 avril, sur une marche en Bretagne,
cette remarque occasionnée par une rencontre sur le chemin : « Plus tard, un adulte torse nu défait
son sac de ses épaules en nous voyant pour le porter sur sa poitrine. Curieuse pudeur puritaine
venue des États-Unis. »
|
G. Henning ; Göteborgs Posten, 11/4/2023 ; capture d'écran |
Ce néopuritarisme sévit un peu partout, sous diverses formes dont la puritaine, américaine... Il y a une autre forme aussi, qu’on a retrouvée dans un petit débat récemment dans le
Göteborgs Posten, le 11 avril 2023, autour d’une statue sur une place publique (cf. ci-dessus) qu’une personne voulait voir retirée au nom du féminisme. Argument de l’intéressée, Stina Svensson : «
Man ser kvinnokroppen som ett objekt » – «
On voit le corps féminin comme un objet ».
L’argument s’effondre tout seul ; il suffit de faire quelques pas dans une ville – à Stockholm, par exemple, pour rester en Suède – pour passer devant des statues d’homme. Corps objet, là aussi ?
|
Stockholm, Carl Eldh
|
Deux jours plus tard, dans le même journal, réponse de Maria Larsson, qui elle aussi se réclame du féminisme. Réponse très personnelle ; son grand-père était conseiller municipal à Göteborg, versé dans les arts ; il avait coutume d’appeler la sculpture en question « Fru Cervin » (« Madame Cervin »), son épouse, morte jeune est-il précisé.
Et de conclure :
« När man lyfter ut något ur sitt sammanhang blir det inte bra. I nästan 90 år har hon suttit där.
Vad har hon gjort för ont? Jag hoppas verkligen att hon får fortsätta att stå där länge till. »
« Si on retire quelque chose de son environnement, ça ne va pas. Elle a été à cette place pendant
90 ans. Qu’a-t-elle fait de mal ? J’espère vraiment qu’elle va pouvoir rester là encore longtemps. »
|
Biscuit G. Henning |
Au moins tout cela permet de parler sculpture, et de découvrir le sculpteur de l’œuvre en question, Gerhard Henning (suédo-danois, 1880-1967). Et l'œuvre : bien jolie, qui comporte des céramiques, biscuits pourrait-on dire, orientalisants (à lier à des souvenirs de la Compagnie danoise des Indes orientales?), des bronzes très vivants comme celui de l’en-tête de ce billet, et des personnages plus classiques, dont celui de la place Gustave Adolf (à Göteborg, deuxième image de ce billet), lorgnant un peu vers Maillol.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire